Tour du Pamir a vélo

Nous sommes finalement arrivés à deux heures du matin à Khorog après un voyage interminable et exténuant. Nous étions montés la veille dans le gros taxi 4×4, à sept heures du matin précises au départ de  Douchanbé, les vélos solidement amarrés sur le toit. Tout le long du trajet les contretemps n’allaient pas manquer d’abord pour sortir de la ville : c’était un jour de fête nationale et à cause du président tout puissant du Tadjikistan qui devait assister à une cérémonie en ville, tous les axes routiers sans exception avaient été fermés. Le chauffeur se résolut alors à s’aventurer dans les bas-quartiers de la ville sur d’improbables passages entre les baraquements délabrés et les terrains vagues et au bout d’une heure à force de tourner et retourner, il réussit à nous extirper de la ville. Après, ça roulait, pas rapidement entre les nids- de-poule mais ça roulait. Puis plus tard dans la vallée du Panj, nous fûmes cette fois contraints de nous arrêter. La route était fermée pour cause de travaux et elle ne devait rouvrir qu’à dix-huit heures.

Les chinois étaient à l’œuvre sur la nouvelle route de la soie si chère à Xi Jinping. Ils étaient en butte à des travaux titanesques, des pans de montagne à abattre, des ponts, des parapets, des murs de soutènement à construire, le tout devant être capable de résister à la démesure himalayenne. Dans ce chantier colossal au cœur du Tadjikistan, les travailleurs, de l’ingénieur au simple manœuvre, étaient tous chinois. Les engins de chantier, les camions, tout était chinois. Une véritable troupe d’occupation qui se montrait si ce n’est dédaigneuse tout au moins très distante envers la population locale.

Après une journée de repos au Pamir Lodge, nous prîmes la route d’Ishkashim. Construite durant l’ère soviétique, peu entretenue, elle longe le fleuve Panj aux eaux boueuses et paresseuses. Sur l’autre rive, c’est l’Afghanistan où le temps semble s’être figé dans un lointain passé. Une petite piste serpente le long du fleuve parfois au ras des eaux, parfois au dessus d’escarpements. Les montagnes sont à nu, partout s’impose le minéral mais là où le fleuve a déposé des alluvions, le vert sombre des arbres et celui plus tendre des petits champs en terrasse ramènent à la vie. Près de maisons discrètes au toit en terrasse se cultivent de manière ancestrale céréales et légumes. Ce sont toujours de petits ânes serviles qui retournent la terre et transportent les personnes et les denrées. En l’absence de lignes électriques, de poteaux télégraphiques, de matériaux modernes de construction, du moindre bout de plastique, de la moindre serre, ce décor que l’on pourrait qualifier de vierge ou d’authentique, intrigue et interroge. Certes il conviendrait pour le tournage d’un film médiéval mais tout en le photographiant avec enthousiasme, je ne pouvais m’empêcher de penser à ces pauvres afghans reclus dans leur vallée et privés depuis des siècles de modernité.

Par endroit, lorsque le fleuve se rétrécissait, on apercevait sur l’autre rive les afghans vaquant à leurs occupations. Parfois, le long de la piste, on remarquait un groupe de femme en burqa. Les premières que l’on découvrait dans cette tenue car coté Tadjikistan ce vêtement n’a pas cours. A l’approche d’Ishkashim, la vallée s’élargit grandement et  le fleuve prends ses aises. Si bien qu’il s’est formé une île au beau milieu. Pour rejoindre ce territoire neutre, les deux pays  chacun de leur coté ont construit un pont. C’est sur cette l’île que se tient chaque samedi le marché d’Ishkashim qui réunit afghans et tadjiks.

Marché de Korog
Korog
Fleuve Panj - rive afghane
Au loin le pont pour accéder au marché d'Ishkashim

Ishkashim s’étale le long de la route. Village aujourd’hui en léthargie, il fut un  prestigieux caravansérail sur la plus antique des routes de la soie celle qui empruntait la vallée du Wakhan pour rejoindre la Bactriane. Ishkashim, c’est aussi l’entrée du fameux corridor du Wakhan créé au début du XXème siècle. Cette langue de terre afghane le long de la rive gauche du fleuve Panj entre le Tadjikistan au nord et le Pakistan au sud qui se prolonge loin à l’est jusqu’à le frontière chinoise, était sensé tenir à distance l’Empire russe et l’Empire britannique des Indes qui se livraient alors une guerre larvée pour le contrôle d’une vaste région allant de l’Asie centrale au golfe Persique.

Ishkashim- Les premières montagnes sont afghanes - A l'arrière plan, les montagnes enneigées sont pakistanaises- chaine de l'Hindou Kouch

Après Ishkashim, la route qui jusque là chemine vers le sud, vire brusquement à l’est pour remonter la vallée du Wakhan. Magnifique vallée que ce Wakhan, large et lumineuse, verdoyante par endroit avec ses rideaux de peupliers, ses bosquets de saule, ses riches champs de culture interrompus par des kilomètres d’espaces arides et déserts. L’accueil est partout formidable à tel point qu’il nous était difficile de résister aux sollicitations des uns et des autres qui voulaient à tout prix nous entraîner dans leur maison.
La population du Wakhan, comme du reste celle de l’ensemble du Pamir, est de confession musulmane. Mais ici pas de voile, ni hijab, ni burqa, les femmes portent au plus un foulard bigarré et arborent un large sourire à la vue des étrangers. Nous sommes au pays de l’islam souriant, chez les ismaéliens, une branche du chiisme combattue par les intégristes talibans qui sévissent en Afghanistan sur l’autre rive du fleuve.
Après Shitkharv la route perd peu à peu son revêtement d’asphalte pour n’être plus qu’une piste caillouteuse où il faut sans cesse zigzaguer entre les ornières. Sur certaines portions, c’est carrément la tôle ondulée qui fait son apparition. A Zumudg, nous nous arrêtâmes à l’épicerie du village. Il n’y avait pas grand-chose sur les étagères, le seul produit qui abondait, était des chips aux différentes épices très prisées par la population locale si on en jugeait par les nombreux emballages qui traînaient partout dans les rues. Sinon, les quelques fruits secs en vrac étaient gâtés, tout au moins pour nos fins palais occidentaux, quant aux biscuits durs comme de la pierre, ils semblaient dater de mathusalem. Je dégotai tout de même un tube de ce qui semblait être de la sauce tomate. Les inscriptions étant en cyrillique, je ne savais trop ce que j’achetais. Cela se révéla être un excellant ketchup russe qui n’avait rien à envier à l’original américain. Ainsi, moi qui d’ordinaire me tiens à l’écart de ce genre de nourriture, j’allais durant le voyage adopter le ketchup russe comme base de mon alimentation, j’en répandais un peu sur tout, le non (pain tadjik) quand on en trouvait, les œufs, les grosses pâtes caoutchouteuses de l’ère soviétique et même, quand il n’y avait rien d’autre, sur les biscuits, autrement immangeables.

Plus en amont, nous parvînmes au village de Yamchun qui se tient en retrait de la piste principale. Au dessus, dans la montagne, se trouve les sources d’eaux chaudes de Bibi Fatima réputées dans toute la région. Cependant nous devions pour  les atteindre gravir cinq kilomètres de montée infernale sur une piste chaotique où nous serions contraints le plus souvent de pousser les vélos. Fort heureusement, nous dégotâmes au village un véhicule pour nous y conduire. C’était un antique 4×4 russe branlant de toute part qui nécessitait deux personnes pour le mener, le conducteur bien sûr et son petit-fils qui était chargé de maintenir la pédale de frein enfoncé lorsque son grand-père, à chaque traversée de ruisseau, descendait précipitamment pour remplir le radiateur en eau fraîche.

Les eaux chaudes de Bibi Fatima sourdent d’une paroi rocheuse creusée d’excavations dont certaines suffisamment grandes pour qu’une personne puisse s’y prélasser comme dans une baignoire. Une construction, s’appuyant sur la paroi, coiffe deux bassins distincts et indépendants avec chacun leur vestiaire permettant la séparation femme et homme. Toutefois, pour une meilleure équité, étant donné que le bassin inférieur n’est qu’un cube de béton, chaque heure, au son d’une cloche, baigneuses et baigneurs sont priés de se rhabiller et de changer de bassin.

Par chance, lorsque j’entrais dans les bains, c’était au tour des hommes de profiter du bassin supérieur. Je m’y retrouvais seul en compagnie d’un vieil homme qui habitait le voisinage et venait tous les jours prendre les eaux. Il prétendait être centenaire et n’avoir jamais était malade grâce à ces eaux miraculeuses. Je ne pus m’empêcher de prendre le risque de descendre dans le bassin avec mon appareil photo pour immortaliser l’ancêtre.

A la descente nous nous arrêtâmes à la forteresse de Yamchun. Construite au 3ème siècle av. J.-C., idéalement située, ce fut une place forte de toute première importance sur la route de la soie. Elle domine toujours de façon magistrale la vallée du Panj.

Nos vélos nous attendaient dans la maison du chauffeur et nous poursuivîmes notre périple vers Langar. La piste était jonchée de pierres, nous avancions prudemment d’autant qu’un vent de travers soufflait en rafale. Sur de grandes distances entre deux villages verdoyants,  s’étendait une lande sablonneuse et aride où seuls, à proximité du fleuve, quelques bosquets de saules rabougris parvenaient à pousser. En fin d’après-midi, le vent forcit considérablement à tel point qu’il soulevait des tourbillons de sable. Bientôt se formèrent sur la piste dans les secteurs les plus exposés, de petites dunes. Les vélos s’enlisaient et il fallait alors les pousser. Nous rencontrâmes dans un passage particulièrement venté un équipage automobile ensablé jusqu’au bas de caisse qui attendait patiemment, calfeutré dans le véhicule, qu’un hypothétique camion de passage les sortît de là. Lorsque nous atteignîmes Zugvand, il n’était plus question de poursuivre jusqu’à Langar, nous n’avions qu’une envie, nous poser pour la nuit. Il n’y avait aucun lieu d’hébergement dans le village. On nous proposa gentiment un carré de vieille luzerne pour planter la tente quand un gamin surgit tout essoufflé, se réjouissant par avance  parce que ses parents insistaient pour nous offrir l’hospitalité pour la nuit.

Bains de Bibi Fatima
forteresse de Yamchun

Nous arrivâmes devant une chid, la maison traditionnelle du Pamir. C’est un habitat cubique qui n’a qu’un rez-de-chaussée avec des murs en pierre et torchis percés de rares fenêtres. Le toit en terrasse est utilisé pour stocker le fourrage et contribue ainsi à l’isolation de la maison.

La mère nous attendait sur le pas de porte. Ravie autant qu’intimidée, elle nous fît entrer tandis que le gamin qui parlait quelque peu anglais, se chargeait de nos sacoches. Si l’extérieur d’une chid ne paie pas de mine, l’intérieur en revanche est des plus sophistiqués. L’agencement ancestral des pièces concourt à isoler la pièce centrale, la Nikard, des grands froids hivernaux et des chaleurs estivales. Des pièces « tampons », chacune ayant un usage spécifique, ceinturent la Nikard qui, de ce fait, ne possède aucune fenêtre, le jour provenant d’un puits de lumière dans le plafond. La pièce qui n’est utilisée que pour les grandes occasions, est entourée d’estrades suffisamment larges pour pouvoir s’y étendre. Tout un lot de couvertures, de coussins, de tapis est à disposition.

Aussitôt le père nous rejoignit ainsi que le fils aîné et les copains qui suivirent. Lui était instituteur au village et de surcroît musicien. En hiver, dans sa Nikard, avec sa formation dont faisait parti la plupart des membres de la famille, il animait des soirées de chant et de musique traditionnelle. Ce soir là, ils donnèrent un petit concert privé spécialement pour nous.

Une chid, la maison traditionnelle du Pamir
La famille dans sa nikard

Sept kilomètres séparent Sugvand de Langar, le dernier village de la vallée. C’est à Langar que le Panj prend, non pas sa source, mais son nom. En effet, en Asie centrale à chaque confluence les fleuves changent de nom. Ainsi en amont, le fleuve qui descend de la vallée principale (vallée du Wakhan), entièrement en territoire afghan, s’appelle le Wakhan tandis que le fleuve Pamir Kalan coule du nord-est et délimite la frontière. A Langar à la confluence, les deux cours d’eau font peau neuve pour devenir le Panj qui deviendra lui-même, loin dans la plaine ouzbek, l’Amou Daria (l’antique Oxus) pour finir dans la mer d’Aral ou plutôt dans ce qui l’en reste.
A Langar, nous devions impérativement nous ravitailler en nourriture et en essence pour le réchaud car les trois ou quatre jours suivants, jusqu’à atteindre Alichur sur le plateau du Haut-Badakhshan, nous ne trouverions sur notre chemin, à part peut-être quelques bergers, âme qui vive. Les deux petites épiceries du village étaient fort mal achalandées. Nous nous rabattîmes sur les désormais sempiternelles pâtes caoutchouteuses, les infâmes biscuits et l’excellent ketchup. Nous emportâmes également une douzaine d’œuf dont la moitié déjà durs afin de limiter la casse éventuelle.

Le Panj à la confluence du fleuve Wakhan et du Pamir Kalan
Epicerie de Langar
Langar
Langar
Cimetière de Langar

Nous quittâmes à Langar la charmante vallée du Wakhan pour nous élever le long de la vallée du Pamir Kalan. Au départ la piste, peu fréquentée et semée de pierre, grimpe salement. Trop pour rester sur le vélo, il fallait pousser la bête sur roues qui n’y mettait vraiment pas du sien.

Bien vite, nous atteignîmes un univers stérile, sans le moindre carré de verdure en vue, que des montagnes nues et ô combien majestueuses. Ce désert d’altitude s’étire sur des kilomètres et des kilomètres et culmine au col de Kargush à 4344 mètres. Au-delà, les montagnes demeurent obstinément désolées mais on quitte la vallée enserrée du Pamir Kalan pour l’immense plateau grand ouvert du Haut-Badakhshan de même que l’on quitte le territoire du peuple pamiri pour celui des  grandes étendues kirghizes.

Vestiges de l'ère soviétique

Nous rejoignîmes la route M41 à 25 kilomètres d’Alichur. Nous retrouvions le bitume qui dessine sur l’immense plateau un ruban gris ininterrompu s’étendant à perte de vue. De gros nuages menaçants obscurcissaient le ciel tandis qu’un vent insidieux soufflait en rafale. Et déjà les premières grosses gouttes de pluie… En retrait de la route nous repérâmes une bergerie. Elle était inoccupée et comportait une pièce pour le berger avec un bat-flanc et un vieux poêle. Dehors la pluie redoublait et le vent se déchaînait. Au matin, une fine couche de neige recouvrait les environs. Elle avait déjà disparu lorsque nous enfourchâmes nos vélos.

On aperçut de fort loin, égarées sur l’immense plateau, les maisons blanches d’Alichur. A son approche, on découvrit les yourtes posées le plus souvent au coté de petites demeures en dur. L’épicerie du village était pour une fois bien achalandée. Il y avait notamment des fruits et des légumes dont un monticule de pastèques qui faisait vraiment envie. Elles étaient toutefois trop grosses pour en transporter une entière sur le vélo, aussi nous nous empiffrâmes de la moitié sur place.

Alichur est une bourgade kirghize, c’est un lieu perdu au milieu de nulle part bien différent des attrayants villages pamiris des fonds de vallée. Tout est ici plus dur, plus austère. Le village n’a un semblant d’animation qu’à la belle saison. Le reste de l’année il se fige dans le froid et la neige. Aussi bien avant l’arrivée de l’hiver, la plupart de la population, semi-nomade, plie la yourte et rassemble les troupeaux pour aller s’installer au Kirghizistan, sous des cieux plus cléments.

Mosquée d'Alichur

Nous quittâmes Alichur pour rallier Murghab distant d’environ 130 kilomètres. La route file en longues lignes droites ondulant d’un bombement de terrain à l’autre sans toutefois mettre à l’épreuve les mollets. Nous n’avions jamais avalé aussi facilement les kilomètres. Les conditions étaient parfaites, les nuages se dissipaient peu à peu et chose épatante, le vent avait disparu. Parce que sur cet immense plateau qui demeure dans l’ensemble à une altitude qui avoisine les 3800 mètres, le vent peut être redoutable et vous mettre très vite le moral dans les chaussettes.

De part et d’autre de la route, le décor demeure immuable et sans fin, des immensités incultes qui vont se perdre au loin aux pieds des montagnes. La végétation est misérable, ci et là  quelques yacks courent après de rares brins d’herbe, parfois on aperçoit aussi de petits troupeaux de moutons noirs près de la silhouette d’un berger.

En fin d’après-midi le vent refaisait des siennes. Fort heureusement nous trouvâmes un endroit abrité pour planter la tente. C’était le fond d’une ancienne carrière dont l’exploitation devait remonter à la construction de la route à l’époque du Soviet suprême

Au matin la rosée avait mouillé la toile de tente et nous attendîmes la bienfaisance du soleil avant de boucler nos sacoches et de reprendre la route. Nous franchîmes le col de Neizatash à 4137 mètres sans même nous en rendre compte tant la pente est douce et sans le moindre virage. En milieu d’après-midi nous avions parcouru toute une série de bosses et de bombements débonnaires lorsque nous eûmes à affronter une montée plus longue et plus raide. Au sommet, nous découvrîmes la vallée de Murghab. Nous dominions son fleuve et ses nombreux méandres qui serpentent au milieu de vertes pelouses. Le ruban de verdure s’étend jusqu’à l’horizon où l’on devine avec peine l’agglomération de Murghab. Toutefois la contemplation fut de courte durée, pas même le temps de nous emparer de nos appareils photos qu’une nuée de moustique nous assaillit.

Murghab est la « capitale » du  Haut-Badakhshan. On ne peut raisonnablement parler de petite ville, tout juste d’une localité perdue sur cet immense plateau et qui possède son hôtel, sa banque, son dispensaire et surtout son bazar, la grande et unique attraction de toute la région. Fait de bric et de broc et constitué de conteneurs posés hâtivement sur un terrain vague et  poussiéreux, le lieu qui ne ressemble en rien à un bazar oriental, propose tout un tas de babioles, de récipients, d’ustensiles en plastique, de nourriture, le tout provenant de Chine dont la frontière est toute proche. Murghab, comme Alichur, se meurt à la mauvaise saison. Le froid intense, la neige, chassent non seulement les nomades kirghizes du Haut-Badakhshan mais rend également impraticable le seul axe routier. La bourgade rentre alors en léthargie, tous ceux qui ont pufuir, ont fuit, les autres se calfeutrent dans leur maison, sans eau et sans électricité. Les réseaux construits du temps des soviétiques sont hors d’usage depuis des lustres.

Vallée de Murghab
Arrivée à Murghab
Bazar de Murghab
Station d'essence
Mosquée de Murghab

Nous poursuivîmes la route vers le nord en direction du Kirghizistan. Un véritable désert nous attendait, des paysages lunaires sans âme qui vive, aucun bruit, pas le moindre son que celui du pédalier. Nous étions seuls sur la chaussée, à croire que plus aucun véhicule n’empruntait cette route et ce n’est finalement qu’en fin de matinée que nous croisâmes une vieille fourgonnette Bukhanka qui semblait relever des lieux comme d’un animal dans son biotope naturel.
En fin d’après-midi nous longions de près la frontière chinoise. Une vieille clôture de barbelés, construite sous Staline, filait le long du territoire tadjik. Et malgré qu’elle ait été durant des décennies laissée à l’abandon, pas un poteau n’était à terre tous étaient droits et alignés comme l’Armée rouge à la parade. Le climat sec du Haut-Badakhshan conservera bien longtemps encore cette relique stalinienne.

Nous avions bivouaqué à une dizaine de kilomètre du col Akbaïtal. Ce col qui culmine à 4655 mètres, était l’affaire du jour, un authentique passage alpin avec des lacets sur les derniers 300 mètres de dénivelé. Nous avons roulé longtemps sans devoir affronter le moindre obstacle, toujours les mêmes lignes droites légèrement ascendantes, des bombements vite franchis et même de petites descentes pour agrémenter le parcours. Ainsi nous arrivâmes au pied d’une grande pancarte dont l’inscription bien qu’en cyrillique indiquait sans ambiguïté le col Akbaïtal et son altitude. Surprenant tout de même car ce genre de panneau trône généralement au sommet des cols non au pied des difficultés qui se révélèrent finalement pas si terrible que ça. Au sommet du col, rien de spectaculaire, la vue est limitée par les montagnes qui l’enserrent et forment une brèche où un violent vent glacial s’engouffrait nous obligeant à nous vêtir bien chaudement.

A la descente la route était défoncée. Le bitume avait disparu, il n’en restait rien, ce n’était plus que cailloux, nids-de-poule et passages de tôle ondulée qui tétanisaient les bras. Autant dire que nous étions en permanence crispés sur les freins. Le soleil brillait sur nos têtes bien que de gros nuages défilaient à toute allure dans le ciel et que des rideaux de pluie s’abattaient sur les montagnes environnantes. Au pied du col, nous trouvâmes la même pancarte que sur l’autre versant. Nous nous y arrêtâmes pour déguster une boite de foie gras du Gers que j’avais caché au fond d’une sacoche. Et pour ne pas gâcher notre plaisir, le beau temps semblait être revenu.
Mais sitôt que nous nous remîmes en route, le temps se dégrada brusquement, les nuages fondirent sur nous à la rapidité de l’éclair apportant des bourrasques de pluie. A un moment donné, il y eut une accalmie qui nous laissa supposer que, bien que trempés, nous étions sortis d’affaire. Mais sans tarder un nouveau déluge s’abattit sur nous. L’eau nous dégoulinait sur tout le corps, dans le dos, le torse, les cuisses, nous étions trempés jusqu’au os. Bien que sans visibilité, tête baissée, nous pédalions avec acharnement comme pour tenter de passer entre les gouttes. Et puis, tout à coup, sortie de nulle part, telle une apparition miraculeuse, une femme nous attendait, bras levés, au milieu de la piste. Elle nous désigna dans un pâturage ce qui semblait être un campement de nomade et, ni une ni deux, nous nous précipitâmes à sa suite en poussant nos encombrants vélos. Il y avait, parmi un troupeau de yack en liberté, une yourte et deux grandes tentes dont une qui affichait au dessus de la porte : HOTEL. Nous abandonnâmes nos vélos sans ménagement pour vite nous mettre à l’abri. Quel réconfort ! Un poêle ronflait à l’intérieur dégageant une odeur âcre de bouse de yack qui pour une fois ne me parut pas du tout désagréable. L’époux de notre salvatrice se tenait près du feu, il serrait dans ses bras, emmailloté dans des vêtement crasseux, un bébé de huit mois.
Plus question pour l’heure de poursuivre notre chemin, nous restâmes l’après-midi près du poêle pour nous sécher. En fin de journée un rayon de soleil permit au mari d’aller finir l’aménagement de la yourte car, en réalité, c’était cette authentique yourte kirghize qui était destinée à tenir lieu d’hôtel. Nous étions leurs tout premiers clients.   

Au matin, l’air était pur et frais, débarrassé des moiteurs de la veille. Le soleil brillait de mille feux et les cimes enneigées illuminaient les hauteurs alors que plus bas, les ruisseaux déversaient en abondance leurs flots argentés au travers des pelouses. Il flottait dans l’atmosphère une légèreté, une délicatesse propre au matinées ineffables. Un beau matin pour se remettre en selle.

 

 

La piste s’étalait toujours en de longues lignes droites mais sans plus aucunes difficultés à franchir. Par contre, ce qui nous mettait à rude épreuve, c’était son état lamentable. Elle était profondément creusée par les sillons de tôle ondulée tellement que ce n’était plus un guidon que nous avions entre les mains mais un marteau-piqueur indomptable qui nous martyrisait les bras, les jambes et tout le corps. Les sacoches battaient contre le cadre tandis que le vélo lui-même paraissait se désarticuler sous les secousses. Fort heureusement, les mauvaises choses comme les bonnes du reste, ont une fin et une dizaine de kilomètres plus loin nous avons retrouvé le bitume. Pas pour bien longtemps cependant car nous devions bientôt quitter cette mythique route de la soie qui se dirige vers le Kirghizistan pour nous engager sur une piste secondaire donnant accès à la vallée du Bartang. A quelques kilomètres de là, nous trouvâmes sur notre gauche, à peine marquées, des traces de véhicule qui s’enfonçait dans une étendue aride et sans fin et à proximité de laquelle, un voyageur bien intentionné avec inscrit au sol à l’aide de galets : ADVENTURE.
C’était la fin de matinée, nous étions à une quinzaine de kilomètre de village de Kara-kul situé au bord du lac du même nom et comme rien ne pressait, nous décidâmes de poursuivre sur cette même route pour aller visiter les lieux. Le lendemain seulement nous prendrons la piste de l’ADVENTURE.
Quelques maisons basses groupées près du lac, une épicerie riquiqui, une homestay pour accueillir les voyageurs, tout cela ne vaudrait le détour sans l’attrait du lac Kara-kul, sans ses mystères et ses secrets. Si on en croit une des hypothèses des plus sérieuses, sa formation résulterait de l’impact d’une météorite. Ainsi le lac n’a pas d’exutoire, l’évaporation de ses eaux compense l’apport des rivières qui s’y déversent, ce qui explique sa salinité très importante qui empêche toute forme de vie. Durant l’époque soviétique, une importante base militaire avait été établie près du village. Certaines rumeurs font état d’essais réalisés en toute discrétion par les militaires sur le lac. De nos jours, il ne reste de ce passé que des bunkers en ruine et quelles épaves dispersés dans la nature qui n’en finissent pas de rouiller.
On ne saurait cependant quitter Kara-kul sans une promenade sur la grève à la tombée du jour. On se sent transporté dans un lieu de villégiature en bord de mer avec les odeurs du large, le cliquetis des vaguelettes sur les galets et la brise marine aussi vivifiante que rafraichissante.

Le lendemain nous voilà refaisant en sens inverse la quinzaine de kilomètre qui nous séparait de l’embranchement de la piste. Et, pas de chance, comme la veille nous pédalions avec le vent de face.

Nous nous étions engagés dans ce no man’s land et suivions avec attention les traces des roues laissées par les véhicules de passage car aucuns travaux de terrassement (pour ancien qu’il fût) aucune signalétique ne permettaient de repérer une quelconque piste. Seule certitude, nous roulions dans la bonne direction. Puis quelques kilomètres plus loin, toutes les traces convergèrent vers un gué sur la rivière Muzkol. Le passage était bien large pour atteindre l’autre rive, le courant semblait soutenu et de plus l’eau boueuse ne permettait pas d’estimer sa profondeur. Je m’y aventurais donc une première fois sans le vélo avec moult précautions. Et finalement, la prudence voulut que nous transportâmes séparément sacoches et vélos sur l’autre rive quitte à effectuer de nombreux allers-retours.

Par la suite, la piste est bien marquée, elle s’enfonce dans un vallon long à n’en plus finir où coule une rivière méandreuse aux rives herbeuses par endroit, seule petite touche de verdure dans ce paysage stérile. Le vallon débouche enfin sur l’immense plateau lunaire de Kokuibel. Ce qui étonne en premier lieu, c’est son extrême planitude qui va sans la moindre irrégularité de terrain buter au loin au pied de la chaîne de montagne de Muzkol. Sur cette étendue sans limite, chauffée à blanc par le soleil, les tourbillons de poussière se succédaient, des colonnes très hautes parfois qui balayaient le terrain avec la rapidité de l’éclair et qui, tout à coup, disparaissaient comme elles étaient apparues.

Plateau de Kokuibel

Deux jours plus tard, nous étions à Shurali, nous avions parcouru d’un bout à l’autre le plateau de Kokuibel. A Shurali vivait, dans le plus total dénuement, une famille de berger. Deux jeunes filles, leurs parents et leurs grands-parents s’entassaient dans une petite cabane sans fenêtre. Ils passaient l’été sur le plateau, à 4000 mètres d’altitude, dans la solitude des montagnes, loin de tout. Aussi les gamines étaient ravies, elles avaient, pour une fois, de quoi se distraire. Entre deux corvées, elles venaient, les yeux écarquillés, le visage illuminé par un grand sourire de curiosité, assister à l’installation de notre campement, au montage de la tente, à la découverte des multiples objets insolites pour elles que recélaient nos sacoches. Au soir, le père et le grand-père entrèrent éreintés de tant courir après leur troupeau, de yacks et de vaches pour l’un, de moutons et de chèvres pour l’autre. Les pâturages des alentours étaient misérables et ils devaient parcourir de grandes étendues avec leurs bêtes en quête du moindre brin d’herbe.
Au matin, nous fûmes invités à prendre le thé avec toute la famille dans leur minuscule cabane. Puis chacun vaqua à ses occupations, les femmes à la traite des bêtes, les hommes à rassembler les troupeaux quant aux filles, chagrinées par notre départ imminent, elles ne nous quittaient pas d’une semelle.

La piste grimpait à flanc de montagne. Un bulldozer était passé récemment arranger le passage et le terrain resté meuble, nous obligeait le plus souvent à pousser le vélo. Tout en haut de la montée, nous fûmes fascinés par le spectacle grandiose qui s’offrait à nous. Nous dominions Kok Jar, l’endroit où la haute vallée de Tanimas change de direction. Dans cette anse s’est formée une colossale étendue de charriage où depuis des siècles et des siècles se sont déposés les débris de roche arrachés aux montagnes par le glacier Fedchenko et ses affluents. Ainsi une immense plaine dévastée recouvre le fond de la vallée.

Nous avons par la suite descendu la vallée de Tanimas sur une mauvaise piste caillouteuse où nous ne pouvions que rouler très prudemment. Nous traversâmes aussi quelques cours d’eau sans difficulté. Puis nous arrivâmes à un endroit où la piste était coupée. Tracée sur une pente d’éboulis, au bord de la tumultueuse rivière Tanimas, là où le courant vient miner la rive, elle avait été emporté par les flots. Un véhicule 4×4, déserté par ses passagers, était stationné attendant certainement la réouverture de la piste. Nous vîmes arriver de l’autre extrémité de l’éboulement un jeune homme menant un âne qui nous rassura aussitôt et nous fit comprendre qu’en poussant les vélos, nous pouvions passer sans aucune difficulté. Nous retrouvâmes la piste plus loin, là où était stationné un vieux bulldozer de l’ère soviétique qui n’attendait que le conducteur pour inlassablement affronter ces éboulis.

La vallée de Tanimas se termine en balcon, abruptement, lorsque, comme par enchantement, apparaît la grande artère du Bartang qui creuse un large sillon loin vers le couchant. Tout en bas, Ghudara, le plus haut village de la vallée, Ghudara et ses quelques maisons dispersées dans un patchwork de verdure qui s’étale sur les limons du fleuve. Il y avait le vert des champs bien ordonnés qui, suivant les cultures, arboraient différentes nuances, il y avait le vert confus des prairies aux contours incertains et encore le vert sombre des rubans herbeux qui serpentaient le long des ruisseaux où apparaissaient ici et là quelques bosquets de saules. Après notre séjour sur les hauts plateaux déshérités, nous retrouvions la quiétude des villages pamiris. 

 

Au village, nous fûmes aussitôt invités à boire le thé dans la première maison venue. Nous y fûmes accueillis par le fils ainé, étudiant à Dushanbé qui retrouvait sa famille pour les vacances d’été. On nous installa sur une estrade ombragée garnie de tapis et de coussins qui faisait face à la maison. Toute la famille vint nous saluer avec de grands sourires comme si nous leur faisions un honneur en acceptant leur invitation. Le fils, lui, était ravi de jouer l’interprète.
Nous voilà repartis sur une piste caillouteuse et semée d’embûches. Taillée dans la falaise, elle suit le fleuve Bartang tantôt au ras des flots, tantôt les dominant. Les raidillons se succèdent donc, épuisants, d’autant qu’après notre périple sur les hauts plateaux, la fatigue se faisait sentir. Aussi parvenus à Bopasor dans la matinée, nous songions à en rester là pour la journée. Etait-ce la providence ? Toujours est-il que la première personne rencontrée à l’entrée du village, se mettant en travers de la piste, bras au ciel, nous invita chaleureusement dans sa maison, nous proposant avec insistance le gîte et le couvert. C’était le menuisier du village et des ouvrages étaient en cours de fabrication devant sa maison qui exhalaient une bonne odeur de bois. Il habitait avec toute sa famille une chid et nous fit l’honneur de sa Nikard. En fin d’après-midi après un repos réparateur, nous visitâmes le village qui se limitait à quelques maisons dispersées parmi les cultures, sans véritable centre si ce n’était un terrain vague en bordure de piste où régnait une grande agitation autour d’un match de volley-ball. Plus tard les derniers rayons de soleil illuminèrent les montagnes alentour d’une lumière merveilleuse. L’ocre des parois vira alors en une harmonie de ton doré jusqu’à ce que la nuit noire ne mit fin au spectacle.

Le lendemain, nous partîmes pour le village de Savnob. A la sortie de Bopasor, la piste, en terre battue, suivait sur des kilomètres un large fond de vallée désertique. Nous roulions à merveille. Puis, la vallée se resserrait en formant un verrou que nous parvînmes  à franchir qu’au bout d’une longue montée encombrée de pierraille. Nous retrouvions là une piste chaotique. Elle zigzaguait sur la rive du fleuve en évitant les nombreux rochers qui l’encombraient. Peu à peu, les montagnes se faisaient plus verticales, plus présentes et amenuisaient les berges jusqu’à ne laisser que la largeur du fleuve et celle de la précaire piste au ras des flots. Nous pénétrâmes dans ces gorges comme dans un sanctuaire. Le décor était grandiose. De chaque coté, de hautes parois de conglomérat enchâssaient des rochers parfois gros comme des maisons que l’on crût prêts à se désolidariser. Sur des kilomètres, la piste se frayait un passage coincé entre le fleuve bouillonnant et la montagne menaçante. Parfois la paroi se retirait et dégageait un petit ilot de verdure, un carré d’herbe, quelques saules. Dans un de ces havres, nous rencontrâmes, une bergère avec son troupeau. Assise près d’une source cristalline qui jaillissait de la roche, elle nous souriait manifestement ravie de cette rencontre inhabituelle.

En milieu d’après-midi, nous arrivâmes à Savnob. Une belle homestay nous attendait à l’entrée du village. La Nikard  à notre disposition était superbement décorée, les murs étaient couverts d’un beau lambris et de fresques champêtres aux couleurs vives. Mais incontestablement, le plus beau décor se trouvaient à l’extérieur. Au dessus du village trônait le pic Lapnazar avec ses cimes enneigées et son sommet fumant  et fusant dans un ciel éperdument bleu. Vu du village, ce presque 6000 mètres (5990 mètres) a des allures de Cervin brut de décoffrage. Omniprésent dans le paysage, s’imposant autant qu’en imposant, cette colossale sentinelle de roc et de glace veille, en maître, sur la vallée.

 

Pic Lapnazar aux allures de Cervin brut de décoffrage.

Nous avons passé une semaine à parcourir cette merveilleuse vallée du Bartang. Pour les pamiris le Bartang, c’est le cœur du pays. Un cœur parfois difficile d’accès mais ô combien attachant. D’un bout de la vallée à l’autre, les villages se succèdent, entrecoupés de gorges étroites, de kilomètres de déserts minéraux, de montagnes nues, de pentes d’éboulis qui peu à peu gagnent sur la piste. Aussi d’antiques bulldozers sont stationnés près des zones instables pour inlassablement rétablir le passage, ce qui peut prendre plusieurs jours, voire plusieurs semaines. Mais partout où l’homme a su savamment aménager un havre de verdure, la vie reprend ses droits, partout c’est le même accueil affable et chaleureux, la même invitation à venir partager une tasse de thé, un plat de plov, une poignée d’abricots au pied de l’arbre…

Nous étions en été et la vallée était en effervescence, les villages étaient à la fête au sortir d’une longue léthargie où seuls les plus anciens étaient restés pour entretenir les lopins de terre et soigner le maigre cheptel. Les jeunes gens, que l’exode rural avait poussé vers la capitale Douchanbé, fuyant la fournaise estivale de la plaine continentale, étaient venus retrouver leur famille sur les hautes terres du Bartang. C’était la saison des festivités, des entraides pour les gros travaux des champs. C’était aussi la saison du volley-ball. Toute la vallée était prise de passion pour ce sport. On y jouait des après-midi entières. Le terrain de jeu pouvait être un bout de piste, un petit espace entre des maisons… ou m’importe où, pas besoin comme au football d’un grand terrain plat (trop précieux dans la vallée) pour exercer ses talents. Des tournois opposaient les différents villages dans une ambiance bon-enfant. Plus on se rapprochait du bas de la vallée, plus les villages étaient importants et plus les matchs étaient organisés en vrais professionnels. Ainsi à Basid, le filet était réglementaire pourvu d’une chaise haute pour l’arbitre, le terrain borné et les joueurs équipés de tenues certes disparates mais de sport.

Mais cette magnifique vallée d’aspect si paisible est sous la menace permanente d’une catastrophe provoquée par le déferlement des eaux du lac Sarez. C’est en 1911 lors qu’un important séisme qu’un pan de montagne est venu obstruer la vallée créant ainsi une énorme retenue d’eau de soixante kilomètres de long au dessus du village de Savnob. Les avis des  experts divergent quant à la solidité de ce barrage naturel en même temps que les spéculations vont bon train sur l’exploitation de cette énorme ressource d’eau douce convoitée par de nombreux pays assoiffés de la région.

A Rushan nous retrouvâmes la M41, le fleuve Panj et les montagnes afghanes. Il nous restait alors à parcourir soixante-dix kilomètres sur cette mythique route de la soie pour atteindre Korog et qu’ainsi la boucle soit bouclée.

Rushan et la mythique M 41
Les montagnes afghanes
Korog